lundi 10 avril 2023

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Encore un récit de montagne, diront certains… Et pourtant, avec les planches  et  le texte de JM Rochette, chaque histoire est différente  et passionnante.

 

1998 – dans le Vercors.

Un berger tue un ours. Tous célèbrent cet exploit, sauf un enfant, Édouard Roux, qui aime et protège les animaux. Celui qu’on appelle le « fils de la  sorcière », ou « le fils de l’ours » rejeté par les autres enfants et la communauté villageoise.

Édouard, de retour de la 1ère guerre mondiale et « gueule cassée » se réfugie dans les montagnes jusqu’au moment, où une sculptrice animalière, Jeanne, lui redonne un visage. Chacun fait découvrir à l’autre son domaine. Un couple fusionnel aux engagements forts

Resté seul dans le Vercors, Édouard ira jusqu’au bout de sa vie (je ne dévoile rien, il s’agit des 1ères pages du récit) pour protéger une ourse des chasseurs.

Le héros de l’histoire est Édouard, mais également et peut-être surtout, le Vercors. En le replaçant dans la préhistoire, où les hommes se nourrissent de la chair de l’ours, mais le respectent : « tant que de dans la montagne, règneront les ours, le soleil se lèvera le matin, mais au soir où mourra la dernière reine, alors, ce sera le début du temps des ténèbres. »

Au Moyen-âge, où commencent les chasses aux sorcières, envers celles qui protègent et « prient l’ours ».

Dans ce récit, de nombreux thèmes sont traités. L’exclusion de ceux qui sont différents, l’ignorance, la peur, la barbarie. Également la honte, la réclusion pour ceux qui sont victimes. Quand Jeanne refait le bas du visage d’Édouard, c’est lui qui a honte de son visage  et Jeanne lui dit : « Honte de quoi ? Ce n’est pas à vous d’avoir honte, mais à la société qui vous a fait ça. »

La plus grande partie du récit se déroule dans le Vercors, planches magnifiques sur les montagnes, sur les animaux. Des planches souvent sombres qui donnent la tonalité au récit.

Les dessins d’animaux sont saisissants de réalisme, tant dans les expressions, que dans le poil. Je repense au regard du singe derrière les barreaux de la page  77. Les peintures de la grotte rupestre que fait découvrir Édouard à Jeanne sont toutes aussi réalistes. Avec notamment celle de l’ourse, (page 117)  « la dernière reine » où Jeanne, pourtant spécialiste en la matière dit : « on dirait qu’elle vit. On a l’impression de l’entendre respirer. » Et c’est exactement cela, comme si l’ourse ne demandait qu’à prendre vie !

On comprend surtout – et c’est un des messages récurrents de l’auteur – que l’homme est un loup pour l’homme, pour la nature et pour les animaux qui l’entourent. Un prédateur bien pire que l’ours.

Une BD pour faire réfléchir, une BD pour mieux comprendre.

 

 

 

 

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