samedi 25 février 2023

                                                             💙💙💙💙💙

On a tous lu des récits concernant les ados. Le mal être, les dérapages, les espoirs, les envies, l’éveil sexuel, la recherche de sens….

Et pourtant l’auteur nous embarque dès les premières pages dans l’histoire d’un ado de 17 ans,  Léonard, et ne nous lâche plus. 

C’est Léonard qui raconte :  « Peu de bêtises en dix-sept ans. Je n’avais jamais triché, volé, frappé. Insulté rarement. La haine et la colère, je les avais accumulées sagement. J’avais laissé mourir Oscar. J’aurais pu le sauver et je ne l’ai pas fait. Ensuite j’avais caché son corps. Je ne me rappelais plus pourquoi. J’aurais pu m’en aller. On l’aurait découvert au même endroit. (…) Mais je l’avais enterré. C’était ça, la vraie bêtise. »

Le roman est un huis-clos : un camping durant les grandes vacances avec sa famille. Il y a plein de monde, plein de bruits et la solitude de Léonard est d’autant plus visible.

Il est à part, tant parmi les autres jeunes, que même dans sa famille. Introverti, renfermé, complexé, mal à l’aise avec les autres, il préfère la compagnie de son chien. « Je n’avais pas de programme. Je suivais louis ou mon chien dans les allées et j’attendais que les heures s’écoulent, que les soleils meurent un à un jusqu’au dernier. »

Cela ne l’empêche de vouloir faire partie de la bande, d’être attirée par une fille, Luce.

La mort d’Oscar, qu’il a regardé mourir sans un geste, qu’il a enterré sans savoir pourquoi, tout cela le poursuit, le ronge : « Il n’y avait plus qu’Oscar. Il cadavrait, comme une eau stagne, tout contre moi. Il me collait à la peau. Par moments je ne savais plus depuis combien de temps il était mort, depuis combien de temps, je le traînais avec moi dans les allées. Et puis n’étais je pas déjà coupable bien avant l’instant de sa mort ? »

Un magnifique roman, court, dense et puissant où lucidité et folie se côtoient en permanence. 

La progression dramatique est parfaitement maîtrisée : le corps d’Oscar va-t-il être découvert ?  Léonard va-t-il avouer son geste ?  Est-ce qu’il ne va pas aller plus loin en déclarant qu’il a tué Oscar ? Est-ce que l’amour qu’il porte à Luce peut le sauver ?

L’auteur excelle dans l’analyse psychologique mais aussi dans le ressenti physique : la chaleur, le soleil, la transpiration sont omniprésentes. Le lecteur sent la puissance du soleil qui trouble les esprits, empêche la lucidité, la réflexion.

Dans ce roman, j’ai trouvé des accents de « L’étranger » de Camus. La chaleur destructrice, l’impossibilité de comprendre son geste. Les mots sont forts, les phrases souvent courtes, accompagnent la dramaturgie.

Un gros coup de cœur !💗

 

 


 

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