mardi 31 janvier 2023

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Rien de pire pour un enfant que le manque d’amour, l’indifférence des parents, le mépris ou la violence.

Dans ce roman autobiographique d’Alexandre Feraga, tous ces éléments se conjuguent. Des enfants paumés qui vont devoir se construire tout seul. Ce récit est donc celui de leur parcours et de leurs tentatives pour créer du sens à leur vie. Celui de Samir ( le ½ frère ) âgé de 6 ans de plus qu’Alexandre. Samir que le harcèle et le persécute, « le frère impossible ».

Alexandre Feraga est donc le narrateur. Il a eu le temps de murir face à son enfance, pourtant il se rappelle parfaitement ses impressions d’enfant. Et c’est bien ce ton de l’enfance qui raconte, qui est si fort et émouvant.

Il a lui fallu du temps et du courage pour digérer la violence subie, pour s’exprimer aussi sincèrement. Une mise à nu de son enfance et de sa jeunesse, comme une thérapie. Et il a bien fait, car son récit est passionnant,  enrichissant et émouvant avec des mots forts et percutants.

Un même manque, deux cheminements de vie bien opposés : se sentir utile pour Alexandre, basculer dans  la violence, comme une fuite en avant, pour Samir, qui s’est radicalisé et meurt dans les camps d’entraînement afghans.

Paradoxalement, c’est aussi un hommage à ce frère, qui l’a terrifié durant toute son enfance. « Quand Samir s’absentait, je m’aventurais à parcourir son book. Il n’avait jusqu’alors été pour moi, qu’un destructeur, une personne insensible à toute forme de beauté. (…) Je trouvais ça incroyable qu’une chose aussi belle, sauvage et incontrôlable puisse sortir de sa tête. J’éprouvais même de la fierté en pensant que ce qu’il faisait traversait une multitude de villes, rencontrait d’innombrables regards. »

Le portrait des femmes est passionnant également. La mère de Samir qui jamais ne lâchera l’espoir de revoir ses enfants, qui va bâtir sa vie sur cette certitude. Le retour de Samir vers sa mère, est d’ailleurs une des plus belles scènes du livre. Je vous la laisse découvrir. Et la deuxième femme du père, celle d’Alexandre, effacée et lâche.

Très souvent dans les autobiographies, les auteurs manquent de recul face à leur propre histoire. Là, Alexandre Feraga réussit le tour de force d’en faire une analyse intemporelle de la violence qui peut exister dans une famille, entre les parents mais aussi dans la fratrie.

Merci pour ce récit sincère, émouvant et enrichissant. 

Et merci la Fondation Orange de m'avoir permis de découvrir cette pépite. 

 

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