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Embarquement immédiat dans le récit : un coup dur arrivé à un éleveur, un loup a égorgé plusieurs de ses brebis.
Les éleveurs du village sont présents et soutiennent l’éleveur sauf Jean qui se désolidarise vite des autres. Un solitaire, un taiseux. Il ressent le jugement que les autres portent sur lui : « Jean, à leurs yeux, c’est la caricature du paysan tel que l’imaginent ceux de la ville : un péquenaud taiseux, fruste, méchant, arriéré, arc-bouté sur sa bêtise. »
Huit clos rural avec 5 personnages essentiels : Le père, Jean - sa fille, Agnès - l’ouvrier agricole, Pàl - Pentecôte, le chien de Jean, toujours fidèle, toujours avec lui - et puis la forêt. Impénétrable, sans horizon. On ne voit pas, c’est sombre (à l’image de Jean et Agnès), tout est caché dans les branches, les fourrés, la terre, mais pourtant, c’est plein de vie.
Le père et la fille ne parlent pas, n’échangent pas, chacun dans sa solitude, dans sa souffrance. On comprend vite que la disparition de la mère d’Agnès a été un traumatisme et un questionnement sans fin de la part de sa fille.
Excellente progression dramatique, belle écriture, très visuelle, des phrases courtes aux mots précis qui rythment bien l’action, les sentiments. En lisant, je voyais très précisément, les personnages, les attitudes, les actions.
Une écriture de scénariste : « Lorsque Jean rentre, il est noué de la nuque aux genoux. Il jette sur sa patère sa parka boueuse, enlève ses chaussures crottées, se passe le visage et le haut du corps à l’eau froide de l’évier. (…) il s’ébroue sans desserrer les dents, s’essuie vaguement, passe un tricot. Puis il se laisse tomber dans un fauteuil et relit le journal de la veille ou de l’avant-veille que le facteur glisse dans la boîte au bout du chemin. »
J’ai beaucoup aimé les métaphores entre les personnages et la forêt, entre Jean et le loup où le ton devient poétique, tendre et pourtant sombre.
Un superbe roman court, dense et puissant. Longtemps après avoir refermé le livre, les personnages continuaient d’évoluer dans ma tête…
Un seul bémol : ce qui m’a semblé être une incohérence à la fin par rapport au sort de Jean (dans les pages 104 – 105 et la page 109).
Amis lecteurs, vous me direz ou m’expliquerez en quoi je me suis trompée … ou pas.😀
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