vendredi 23 décembre 2022

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On connait la guerre en Syrie, Daesh, ses horreurs, la défaite et les camps kurdes pour les étrangers venus combattre. On connait. On sait.

Mais, a-t-on conscience du quotidien, de ce que les combattants étrangers souvent idéalistes et naïfs ont vécu ? De ce qu’ont vécu les enfants, entraînés dans ce cauchemar, à qui on n’a pas laissé la chance de grandir normalement ?

Ce court roman de 80 pages nous invite à le partager et comprendre. Pas seulement avec l’intelligence, le cœur mais aussi et surtout avec les tripes.

C’est Fabien, un enfant de 8 ans, qui raconte et c'est toute la force de ce récit. Un gamin heureux,  bon élève, accro de poésie et de foot. Le choix brutal de ses parents de rejoindre les combattants de Daesh, « le paradis des musulmans », va rompre ce bel équilibre. Il passera 4 ans en Syrie.

Le lecteur se retrouve en Syrie, l’horreur de la guerre, du totalitarisme avec les yeux de l’enfance. L’innocence, l’acceptation de ce qui se passe et, en même temps, la lucidité.

Il rapporte son quotidien : sa mère en  niqab noir, qu’il ne distingue plus des autres mamans, son père au combat, l’école coranique, puis l’école des lionceaux où Daech forme les futurs combattants… Les coups qu’il reçoit : «  j’ai cru ce jour là, que j’allais mourir. Alors, je récitais dans ma tête à toute vitesse des poèmes que j’avais appris à l’école. Pour mourir dans ce qu’il y a de plus beau. Et j’ai même inventé un poème pendant qu’ils me frappaient. Un poème inspiré par Jacques Prévert. »

Avec la défaite de l’état islamique, il se retrouve dans un camp géré par les kurdes, avec sa mère et son petit frère, Selim, né en Syrie. « S’il n’y avait pas mes poèmes, je crois que maman serait déjà morte. Et Selim aussi. Quand il n’a pas mal au ventre à cause de la maladie ou parce qu’il n’a pas assez à manger, Selim est le plus gai des compagnons. Une petite boule d’amour qui sourit alors tout le temps. Comme si on n’était pas dans toute cette merde. Lui, il s’en fout. Il sourit au monde, à maman, à la vie. »

Un bouquin de 80 pages dans lequel tout est dit : la souffrance, le silence,  le cauchemar, mais aussi les rares moments de bonheur, sans oublier la peinture du déroulement de la guerre.

L'auteur pose également la question du bien fondé de laisser ces gamins fracassés dans ces camps. Ils ont peut-être déjà tout leur part d'horreur, non ? 

Difficile en refermant le livre d’oublier ce qu’il a enduré. Une enfance sacrifiée, piétinée.

Magnifique roman dense, puissant, intelligent et émouvant.

 


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