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Un récit qui commence doucement, par le vol d’une partition découverte par hasard et qui, peut-être, proviendrait du musicien et violoniste Scarlatti.
Une construction avec 6 narrateurs autour du personnage central, mort au 18ème siècle, Domenico Scarlatti.
- Grégoire Coblence, l’ébéniste, découvre une partition très ancienne dans un étui qu’il restaure. Elle disparaît peu de temps après.
- Giancarlo Albizon, le luthier talentueux, le bel italien addict au jeu et aux femmes, et associé de Grégoire.
- Manig Terzian, la claveciniste âgée
- Rodolphe Luzin-Farge, LE spécialiste de Scarlatti
- Joris de Jonghe, le riche collectionneur
- Un narrateur anonyme. Une araignée qui tisse sa toile.
« Je suis là, derrière vous. Vous ne me voyez pas, vous ne m’entendez pas. Vous ne soupçonnez même pas ma présence. Mais je vous observe comme on observe des poissons rouges dans leur bocal. J’ai à ma disposition toutes sortes de ruses. J’ai de quoi vous faire tourner en rond durant des heures, des jours, des semaines. Tous autant que vous êtes. La partie va être longue. Tant mieux. »
Le piège inexorablement se referme.
La musique est au centre du récit. C’est Manig Terzian, la claveciniste qui en parle le mieux : « Mais l’enthousiasme du public, presque palpable, m’a portée. Il a délié mes doigts raidis d’arthrose et m’a plongée dans cet état que j’aime par-dessus tout : la pureté du jeu, cet instant où l’on ne fait plus qu’un avec l’instrument. Quand on sait qu’on a trouvé sa juste place, même pour quelques instants, dans le puzzle mouvant de l’univers. »
« Je ne crois pas à la postérité des êtres. La gloire, la célébrité sont des hochets pour grandes personnes. Se croire immortel car on gravé quelques disques n’est qu’une idiotie, une preuve supplémentaire de la vanité humaine. En revanche, je sais que la musique, la mémoire sonore de la musique (…) n’a pas d’âge. »
Très intéressant aussi et peu évoqué habituellement, l’arrière du décor. La pression des récitals, des concours, de la célébrité. Le don de sa vie à la musique.
« Sauf qu’il y avait les concours, les récitals obligatoires, la pression d’un début de carrière, dans un monde de jeunes ambitieux perpétuellement en concurrence. Plus il avançait, plus il avait l’impression qu’on lui confisquait sa vie. »
Un bon moment de lecture, mais sans doute pas le meilleur cru d’Hélène Gestern.
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