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Est-ce l’histoire d’un village, d’une Harmonie Municipale ou simplement l’illustration de la vie ?
Plusieurs personnages, bien différents les uns des autres, sont rassemblés autour de leur fanfare. La musique qui leur parle à l’oreille, qui les accueille sans jugement, qui répare leurs blessures.
🎵 J’ai aimé la construction de ce roman semblable à une chanson.
Le refrain, c’est le début de chaque chapitre où tout est immuable. Comme le cycle des saisons et celui de la vie.
« C’est un hiver lumineux et sec où rien ni personne ne semble vouloir mourir. Les rosiers continuaient de porter des fleurs, plus chétives qu’au printemps, moins parfumées qu’en été, aux pétales décolorés, presque transparents »
Le couplet s’anime et raconte la vie des personnages.
🎵 C’est doux et amer en même temps. Souvent épineux, quelquefois drôle et toujours finement observé. Froid comme l’hiver et les souffrances enfouies dans la neige, mais lumineux aussi comme le soleil hivernal, qui perce les brumes et réchauffe les cœurs.
Avec la vie qui cabosse mais répare aussi, au détour d’un amour qui surgit, d’une amitié improbable et pourtant bien solide
Peut-être l’oreille absolue de l’amour et le réconfort de la musique.
« C’était la musique qui décidait. Elle avait le pouvoir d’entrer dans les doigts, dans les têtes. (…) Mais surtout elle naissait d’une nécessité, celle de conjurer la tristesse des jours qui diminuent, du froid qui raidit les épaules, la lassitude des longs chemins d’hiver par les jours de grand vent, l’effroi d’anciens amants devenus mari et femme prisonniers du même toit et se haïssant. »
🎵 Je ne sais pas si j’aurais autant aimé le roman sans le bonheur de la plume de l’autrice. C’est elle qui m’a portée et séduite d’un bout à l’autre. Les phrases sont courtes, quelquefois brèves, comme si Agnès Desarthe se ménageait des pauses de silence pour mieux observer ses personnages ou rester à leur écoute.
Une écriture poétique, addictive et sensible.
Presque un coup de cœur. Il m'a sans doute manqué un peu plus de densité dans les personnages.
Extraits
🎵 « C’est un hiver lumineux et sec où rien ni personne ne semble vouloir mourir. Les rosiers continuaient de porter des fleurs, plus chétives qu’au printemps, moins parfumées qu’en été, aux pétales décolorés, presque transparents »
🎵 « Le maire ne se sent pas vieux. Il n’établit aucun lien entre les chiffres qui écrivent son âge et les pensées qui occupent son esprit. L’l’électricité qui parcourt son corps n’a pas changé de voltage. Il est vif. Dans sa tête, il est toujours un très jeune homme. »
🎵 « Matis reprend son souffle. (…) Il pensait que disparaître serait une aventure. Mais une fois que c’est fait, il ne se passe rien de spécial. Ce n’est pas ce qu’il avait prévu. (…) qu’il entrerait dans une autre dimension.
Dans cet autre monde, il n’aurait pas les dents en avant entaillant sa lèvre inférieure, de grosses dents de lapin qui lui donnaient l’air idiot. Dans cette autre dimension, il aurait des bonnes notes, des bons points. (..) Il dirait : « je vais chez le dentiste » et pas : « je vais au dentis’ » et il irait vraiment ; quelqu’un prendrait rendez-vous et quelqu’un paierait pour ses dents »
🎵 « Assis sur la dune de galets, Jacques s’était demandé ce qu’il allait dire à Papa. J’ai été licencié. J’ai des tas de projets. J’ai été mis à la retraite anticipée. Jacques cherchait comment formuler la nouvelle. Il avait pensé à la mère de Viviane, qui n’avait plus sa tête depuis un moment, au père de Viviane qui était mort quinze ans plus tôt. Vivianne était tranquille, elle. Aucun compte à rendre. »
🎵 « C’était la musique qui décidait. Elle avait le pouvoir d’entrer dans les doigts, dans les têtes. (…) Mais surtout elle naissait d’une nécessité, celle de conjurer la tristesse des jours qui diminuent, du froid qui raidit les épaules, la lassitude des longs chemins d’hiver par les jours de grand vent, l’effroi d’anciens amants devenus mari et femme prisonniers du même toit et se haïssant. »

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