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Comme un peintre, Antoine Choplin a joué avec les clairs-obscurs et la lumière, la souffrance et l’apaisement. L’ensemble est à la fois, mélancolique, profond, sincère et lumineux.Un texte tendre et poétique, avec la plume simple et précise de l’auteur.
📌 Masao termine sa journée de travail à l’usine où il est rectificateur. Sa fille Harumi, l’attend. Elle est architecte et entame la construction du musée dans une ile voisine. 14 ans sans contact mais le lien ne s’est pas rompu. Ils reprennent tous les deux au fil de leurs rencontres, les souvenirs. Ceux que Masao a enfouis au plus profond de lui : a rencontre avec Kazue, la mère d’Harumi, ce qu’il a fait durant ces 14 ans, comment il a survécu.
📌 Masao, c’est un homme simple, profond, sincère et pudique. Il s’exprime beaucoup mieux avec la nature, avec ses mains qu’avec la parole.
Dans l’obscurité et la tristesse après la mort de Kazue, la séparation d’avec Harumi, il retrouve un peu de lumière en étant gardien de phare. La mer, solitude et apaisement.
« Si tu savais, Harumi, l’apaisement que m’ont procuré ces premiers temps au phare. (…) Mais surtout, je me souviens que mon regard s’accrochait aux lointains. Par cette attente douce et pour ainsi dire incessante, le temps perdait sa connaissance. Les heures du jour et de la nuit s’écoulaient sans que j’y prenne garde. Le paysage n’avait rien d’ennuyeux, tu peux me croire. Ça palpitait sans arrêt, ici et là, et même si ce n’était pas grand-chose, ça me tenait les sens en alerte. Les couleurs, les bruits du vent, les oiseaux, les brumes qui s’en venaient ou qui se dissipaient. »
Quand il quitte définitivement son emploi de gardien de phare, il a besoin de retrouver la mer et construit sa barque. Là aussi, avec le choix des matériaux, le travail de ses mains, le temps consacré à la construction, puis les sorties en mer, il retrouve le calme et la plénitude.
« Je ne sais plus dire à quel moment a surgi l’idée de construire une barque. (…)
Mais, en tous cas, ce que je conserve en mémoire, Harumi, c’est la lumière de ce premier matin se faufilant par le soupirail du petit garage de Tamano. Avec les éclats cuivrés que ça produisait.
Il me semble que c’est là, dans ce garage, à ce moment-là, que la lumière est revenue se poser sur moi. Celle qui s’était éteinte des années auparavant, au lendemain de l’éclat de rire démesuré qui avait étrangement tordu les traits de Kazue, juste après ta naissance. »
📌 Un croquis tout en douceur, de la filiation. Pas d’amertume, pas de jugement mais le bonheur tout simple de se retrouver, de se sentir compris par l’autre, sans mots inutiles.
📌 La peinture et la lumière sont présentes dans les différentes tonalités du récit et de la personnalité de Masao mais également dans la construction du musée d’Harumi. Il ne ressemble à aucun autre et cherche surtout à s’intégrer complètement dans le paysage. Toujours l’ombre et la lumière.
« Le musée réapparait à leurs yeux. (…) c’est d’abord une vaste tâche blanche et oblongue, aux contours harmonieux, posée dans le paysage. (…) Plus tard, Harumi lui parlerait de la goutte d’eau et de la déformation qu’elle subit au contact de la surface. (…) Une affaire de lumière, et de courants d’air. »
📌 Comme souvent avec Antoine Choplin, c’est un roman d’ambiance, dans lequel on s’immerge ou pas… Je fais partie de la première catégorie et j’ai découvert avec beaucoup de plaisir « son petit dernier. »
Un récit sensible et mélancolique où on retrouve tout l’univers sobre mais profond d’Antoine Choplin.
Merci aux éditions Buchet-Chastel et à NetGalley d’avoir pu découvrir ce beau roman.
Parution le 22 aout 2024
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