dimanche 7 juillet 2024

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Je suis entrée dans ce livre comme dans une forêt dense, sans savoir si je m’y sentais bien ou pas…Pourtant, je savais déjà que j’allais progresser au fil des pages, comme envoutée par le rythme de l’histoire.

 Une ambiance, une couleur, une écriture particulière, à nulle autre pareille. A la fois dure et poétique : la souffrance de l’enfant, celle de sa mère, le silence des proches, la sécheresse du Haut-Atlas marocain et en même temps, la résilience de la nature et la lumière des abeilles.

🐝Anir habite un petit village du Haut-Atlas marocain, à Inzerki. A 10 ans, c’est un garçon solitaire rejeté par ses camarades de classe car sa mère est dite possédée. Elle a la malédiction…

La vie d’Anir, c’est les abeilles du Rucher du Saint, un rucher collectif, dont il s’occupe avec son grand-père Jeddi. Car Anir a sa ruche et s’en occupe avec dévotion et amour.

Bizarre... Le grand-père fait toujours un détour pour ne pas passer devant le rucher de droite, celui où se trouvent des abeilles noires.

Aïcha, la mère d’Anir, ne se promène que le matin très tôt, là où elle est sûre de ne rencontrer personne. Elle, elle s’arrête souvent devant le rucher aux abeilles noires.

Omar, le père d’Anir est parti travailler à Agadir. Il espère gagner assez d’argent pour soigner sa femme et partir tous habiter à Agadir.

La vie est dure est Inzerki mais elle l’est encore plus à Agadir, et d’une façon bien plus sournoise, bien plus nocive pour les plus faibles.

A propos d’un enfant de l’âge d’Anir, celui qui s’en occupe dit à Omar :

« Je peux m’arranger pour qu’il reste avec toi, certaines nuits. Ou en journée, si tu préfères. On se met d’accord sur le prix, il n’y a pas de problème. Il est docile, fera tout ce que tu voudras. J’ai essayé, tu sais. »

🐝 Dès les premières pages, le poids  d’un secret est obsédant, sans doute celui d’Aïcha dont le seul langage est une mélopée,  toujours la même, toujours chantonnée, do, do, da ; grave, grave, aigu.

🐝J’ai infiniment apprécié le traitement délicat mais précis de la peur, de la force des traditions, de l’exclusion, et du silence qui pèse sur Omar et sur l’enfant à propos d’Aïcha.

Celui aussi celui de la nature nourricière,  mise à mal avec la sécheresse, les tremblements de terre et l’importance du rôle des abeilles.

 

🐝Un roman original, sensible, poétique et envoutant.

Une réussite pour une jeune autrice dont c’est le deuxième roman. Le premier : « La poule et son cumin » faisait partie des finalistes du Goncourt des premiers romans en 2022. J’attends avec impatience le troisième.

 

 

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