dimanche 29 novembre 2020

HISTOIRES DE LA NUIT - Laurent Mauvignier

 💙💙💙💙💙

Le résumé de l’éditeur

Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années.
On s’active, on se prépare pour l’anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se profile, des inconnus rôdent autour du hameau. J’ai commencé « Histoires de la nuit » en me disant qu’il s’agissait sans doute d’un huit-clos rural. Genre très couru en ce moment, mais que j’apprécie toujours.

Ce que j’en pense

Démarrage de la lecture : la première phrase s’échelonne sur une page. Je m’y perds, reprends au début pour comprendre bien le sens. Je sens que la lecture va être fastidieuse. Surtout pour moi, qui aime les phrases courtes, précises, ciselées.

Et puis, au fur et à mesure, l’auteur m’embarque dans son récit. Phrases longues, voire très longues, je n’y fais plus attention et m’identifie tour à tour aux personnages. Je m’interroge sur les non-dits, suis mal à l’aise face à certaines situations et pourtant je piaffe d’impatience pour savoir il nous emmène, ce drôle d’auteur…

Je suis bluffée par son talent, par ce récit haletant, par cette écriture en parfaite harmonie avec l’histoire.

Les portraits sont magnifiques, ils paraissent à peine esquissés et pourtant, ils sont présents devant nos yeux comme des tableaux.

« Elle observe la fillette aux coudes écartés sur la table, bien posés sur la toile cirée aux vieux motifs de fleurs des champs lacérés par les coups de couteau et blanchis par les trainées d’éponge et de poudre à récurer, les mains relevées près du visage, le buste penché si près de la table et de la feuille sur laquelle elle va dessiner, ses bras  chétifs et ses longs doigts fins, sa tête si fine, ses yeux très noirs et brillants, vifs, intelligents et presque querelleurs. »

Un huit clos rural, en effet, comme bien d’autres. Une intrigue banale, très banale même…

Pourtant, le rythme, la tension, la présence effective des différents protagonistes,  la pression d’en finir – comme les personnages – sont là.

En refermant les 635 pages (eh oui…) le récit  reste présent dans ma tête, comme un moment magique, entre parenthèses.

Oui, un roman bluffant, comme peut l’être un peintre avec une nature morte,  à priori très ordinaire  et qui captive le spectateur, incapable de s’en détacher, incapable de comprendre pourquoi cette toile le fascine autant.

Laurent Mauvigner représente pour moi, ce que doit être un auteur. Quelqu’un capable de faire vivre son histoire, ses personnages, par le biais d’une écriture qui scande le récit.

Une véritable symbiose entre l’écrivain et son lecteur. Un alchimiste du verbe et du récit, un véritable conteur.

Un très grand cru !

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