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Les trente Glorieuses et
l’histoire de Gino, petit garçon des années cinquante.
L’introduction révèle
parfaitement la personnalité. (Comme quoi, finalement, on ne change pas trop au
fil des ans...) Le temps d’acheter une boule de neige pour une petite fille dont
il s’est enamouré, elle a disparu. Il rêve sa présence et finira par la revoir
six ans après.
Elle, c’est Roxane. Pas
celle d’Edmond Rostand, pourtant le prénom résonne au vu de son avenir
cinématographique et de Gino, assez proche, finalement, de Cyrano. Comme lui, idéaliste
et fidèle, il se projette dans un rêve inaccessible.
C'est le fils d’un émigré
italien, qui a contribué à la construction du plus haut téléphérique. Il rêve,
Gino, de satellites, de technologies du futur où il aimerait figurer. Mais, il
ne travaille pas à l’école. C’est un gentil cancre.
« Sur mon
bulletin, il y avait écrit que ce serait dur mais que j’avais des
« capacités ». C’est l’un des rares compliments auxquels j’ai eu
droit. D’habitude, c’était des « insuffisants », « peut mieux
faire », « manque de travail », ce genre de choses. »
Plus tard, il se passionne
pour le projet de l’Aérotrain et finit par y travailler en tant que manœuvre.
Il aurait rêvé faire partie des ingénieurs mais, en même temps il est lucide
sur ses capacités et pragmatique.
🚄 C’est une fable tendre et
amère, où l’imaginaire incarné par Gino, est au premier plan. Un perdant
attachant, trop idéaliste et trop rêveur pour réussir. Sa mauvaise opinion de lui-même ne l’aide pas à réaliser ses projets...
🚄 C’est aussi l’arrière-plan
des années 50 à 80 où tout paraissait possible, mais pas pour tout le monde….
C’est
aussi toute la question de savoir ce que veut dire : réussir sa vie…
🚄 J’ai apprécié l’histoire
de Gino, la plume poétique de Gilles Marchand, même si cela n’a rien à voir
avec l’éblouissement du soldat désaccordé. Et c’est normal, les auteurs sont
des athlètes de haut niveau, ils ne performent pas à tous les coups. Et encore…
certains vont adorer ce roman et ne pas être touchés par le soldat…
En revanche, les pages de
publicité de l’époque qui séparent les chapitres sont intéressantes au
démarrage car elles fixent la période, mais elles deviennent lourdes au fil des
pages.
🚄 Je laisse le dernier mot à
Gilles Marchand :
« Il m’a dit qu’il
n’y avait pas que l’Aérotrain dans mon histoire, mais que c’était aussi une
histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de fin de siècle
bringuebalant. Et qu’il fallait l’écrire. »
Extraits
🚄 « Alors, je
n’étais pas exigeant, et je me disais que je me serais bien contenté d’un rêve
d’occasion, un que j’aurais trouvé sur le trottoir quand j’étais gamin. Je
l’aurais retapé, un peu lustré, et j’en aurais fait un beau projet de
vie. »
🚄 « Et puis, un TGV.
Tout ça, c’est un peu
la même histoire.
C’est la mienne, en
tous cas.
J’ai failli réussir ma
vie. »
🚄 « Je crois plutôt
que j’ai hérité des rêves de mon père. Il n’a pas construit un simple
téléphérique, il a construit le plus haut de l’univers.
C’est ça que m’a laissé
mon père. Des promesses de grandeur. Et un prénom italien. »
🚄 « Sur mon
bulletin, il y avait écrit que ce serait dur mais que j’avais des
« capacités ». C’est l’un des rares compliments auxquels j’ai eu
droit. D’habitude, c’était des « insuffisants », « peut mieux
faire », « manque de travail », ce genre de choses. »
🚄 « J’étais le mauvais
élève qu’on aimait bien. Je ne faisais pas d’histoire ».
🚄 Son frère, après avoir
tenté d’être photographe de guerre en Algérie :
« La mort est
photogénique, mais elle aspire ton âme à chaque cliché. »
🚄 « Alors, j’ai
regardé les annonces, alors je me suis fait propre ; alors j’ai déclaré à
ma mère que c’était fini les conneries, alors j’ai remis mon réveil.
Je serais triste, mais
debout et bien peigné. »
🚄 « J’avais remarqué
que, depuis son retour d’Algérie, il n’y avait plus grand-chose qui le faisait
rêver. Il avait toujours sa bonne fête mais quelque chose s’était éteint dans
son regard. »
🚄 « Le 27 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing arrive à la présidence. Là encore, je n’avais pas
vraiment d’avis. »
🚄 « De leur côté,
les TGV allaient bien. On a déployé des lignes à grands vitesse dans toute la
France et je dois avouer que c’est une belle technologie. Moins novatrice que
celle de l’Aérotrain, mais une belle technologie. »
🚄 « Il m’a dit qu’il
n’y avait pas que l’Aérotrain dans mon histoire, mais que c’était aussi une
histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de fin de siècle
bringuebalant. Et qu’il fallait l’écrire. »
🚄 « J’ai compris à
quel point le monde était allé trop vite. Certainement trop vite. Il a fini par
s’emballer sans pouvoir s’arrêter. Il y a eu Internet et la réalité virtuelle,
on évoque l’intelligence artificielle. Et demain ? (…) On nous a échangé
nos rêves de voitures volantes contre un continent de plastique, en plein
Pacifique. »