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Jamais plus, je ne
considérerai la maladie mentale comme une maladie à part.
Une affection dont les
malades ne parlent pas, comme si, en effet, elle était honteuse. Comme l’était, rappelons-nous, le cancer, il y
a quelques années.
Pire encore que le cancer,
car pour la majorité des gens, la maladie mentale est assimilée d’un bloc à la folie
et elle fait peur.
Fermer les yeux, et rejeter
ce qu’on ne veut pas comprendre.
« Car je suis
malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie
mentale. »
Il faut au contraire en
parler, laisser s’exprimer les patients, comme le fait si simplement, si
sincèrement l’auteur, et se faire soigner, comme une grippe, comme un cancer,
comme un sida. Et à défaut de guérir, retrouver une vie (presque) normale.
📌 Accepter d’être malade, accepter
d’être pris en charge par un psychiatre, accepter – quand le besoin est urgent –
quelques séjours à Sainte Anne. Même si dans les premiers temps, les allées Van
Gogh, Verlaine, Artaud, Kafka semblent de mauvais augure à l’auteur…
« J’ai appris au
fil des ans, à voir d’un autre œil ces artistes, à mieux comprendre la
puissance désespérée de leur œuvre. »
📌 J’ai été touchée par le
parcours d’errance médicale qu’a subie Nicolas Demorand. Attendre de nombreuses
années avant de mettre un nom sur la pathologie. Émue par sa patience de « bon
élève » qui suit rigoureusement les prescriptions inutiles, voire
dangereuses, de médecins qui le traitent comme un dépressif, avec des cocktails
de médoc, tous plus variés les uns que les autres.
« J’en retiens
aussi qu’aucun médecin généraliste n’eut jamais l’idée de m’envoyer consulter un
spécialiste, même après des années d’échecs thérapeutiques. »
📌 Il explique très bien les
deux pôles de la bipolarité : la dépression qui le cloue sur son canapé,
et la suractivité, l’euphorie, la « combustion euphorique », dans la
phase haute.
📌 Émue aussi par la
souffrance, par sa capacité à l’exprimer aussi simplement, sans pathos. Par la
honte qu’il en éprouve, « Honte car je n’avais aucune maîtrise de
moi-même, allongé sur mon canapé, le téléphone en main ».
📌 Émue encore par sa question
existentielle : qui suis-je ? La partie euphorique ou la partie dépressive
de ma bipolarité ?
📌 Émue encore et toujours
par son attachement aux auditeurs de France inter (dont je fais fidèlement
partie depuis ma jeunesse). Son seul lien d’arrimage à la vie avec son métier
de journaliste et de responsable du 7/10h. Un lien parfois très ténu, car la
mort ne fait plus peur. Elle est reposante, au contraire…
📌 Un témoignage sensible d’une
grande richesse dont ma chronique ne présente qu’une faible partie.
Un petit livre d’une
centaine de pages, utile, indispensable, pour ouvrir les yeux et accepter
l’autre, malade ou bien portant.
« J’ai un rêve :
qu’une révolution du regard porté sur ces pathologies aide mes nombreux amis de
maladie à avoir une vie sociale et professionnelle, débarrassée de la honte et
de la culpabilité. Accordez-nous la banalité. »
Extraits
📌 « La honte et la
peur de tout perdre en « avouant » sa maladie : le regard neutre
sur une personne que l’on croyait « normale ». »
📌 « Car je suis
malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie
mentale. »
📌 « Elles (les
maladies mentales) nous isolent alors que nous sommes si nombreux à souffrir, à
avoir honte et à nous taire. La cruauté des maladies mentales, c’est qu’elles
sont pour la plupart invisibles ».
📌 « Ce qui me
définit aujourd’hui, c’est d’être divisé, habité par deux personnages
antagonistes qui s’ignorent et ne dialoguent pas, mais dont le frottement peut
susciter une explosion psychique. Laquelle des deux est la vraie, la
bonne ? »
📌 « Inutile de dire
à quel point il est épuisant de ne savoir, ni qui, ni dans quel état je serai
aujourd’hui ou demain, quand ce n’est pas tout à l’heure, entre midi et
deux. »
📌 « Honte car je n’avais
aucune maîtrise de moi-même, allongé sur mon canapé, le téléphone en main ».
📌 « J’ai un rêve :
qu’une révolution du regard port sur ces pathologies aide mes nombreux amis de
maladie à avoir une vie sociale et professionnelle, débarrassée de la honte et
de la culpabilité. Accordez-nous la banalité. »
📌 « Mon problème est
d’être un patient modèle. Un patient, qui comme l’exige la médecine, patiente. »
📌 « J’en retiens
aussi qu’aucun médecin généraliste n’eut jamais l’idée de m’envoyer consulter un
spécialiste, même après des années d’échecs thérapeutiques. »
📌 « Mais il avait
posé une question qui embrasse toutes les autres, celle qui me hante depuis et
à laquelle je n’ai toujours pas trouvé de réponse : quand as-tu été
heureux ? »
📌 « Je souffrais
avec la même intensité mais je m’étais fait la promesse de respecter un délai
de décence avant de tenter à nouveau de me suicider »
📌 « Je veux pouvoir
parler, car les malades, mentaux ou autres, sont des personnes qui ont des
droits, à commencer par celui d’être soignées et respectées. »
📌 « La relation avec
un psychiatre se construit dans le temps. (…) Je n’étais pas dépressif mais
bipolaire, ni diagnostiqué, ni soigné depuis dix au moins. »
📌 « TTC – Thérapie comportementale
et cognitive.
J’atterris donc chez
une psychothérapeute extraordinaire. (…) Une fois le diagnostic posé et les
médicaments trouvés, il faut apprendre à vivre avec cette maladie. (…) Comment
repérer « la montée » ? Comment la désamorcer ? par quels
types d’exercices ? »
📌 « J’ai appris au
fil des ans, à voir d’un autre œil ces artistes, à mieux comprendre la
puissance désespérée de leur œuvre. »
📌 « Le gris et la
grisaille ne sont pas les teintes les plus joyeuses du spectre. Malgré mes
sautes d’humeurs, mes agacements, mes impatiences, j’ai fini par admettre que
le réel se peignait dans ces tonalités. Déprimant ? Souvent. Mais il ne
tient qu’à moi, soigné toujours, apaisé parfois, de contempler ce paysage monochrome
et déceler des couleurs vives dans la vie abîmée. »