mardi 23 décembre 2025

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Afin de mieux comprendre le conflit israélo-palestinien, les auteurs reprennent le déroulé chronologique des faits depuis 1871.

A cette époque, la Palestine, qui fait partie de l’empire ottoman, recouvre les états actuels de la Syrie, du Liban, d’Israël, de Palestine et Jordanie.

📌Dès 1883, la France, avec le baron de Rothschild, favorise l’implantation des immigrants juifs en Palestine. Les tensions commencent immédiatement avec les populations arabes qui refusent le partage du territoire.

Dès 1895, se forme l’idée d’un « état moderne reconnu internationalement fondé sur un judaïsme politique où les juifs du monde entier immigreraient en nombre »

En 1907, l’empire ottoman s’effondre et trois territoires « non encore capables de se diriger eux-mêmes » : La Syrie, la Mésopotamie (l’Irak) et la Palestine sont répartis entre la France et la Grande-Bretagne.

La Palestine devient un mandat britannique.

📌 Un découpage du "gâteau" funeste aux populations sur place, mais  qui satisfait les stratégies des occidentaux. L’intérêt des populations arabes et juives, les visions d’avenir, ce n’est pas le sujet….

1918 – Lloyd Georges – Clemenceau

« _Je veux Mossoul et Jérusalem »

_ Vous les aurez, je vous donne ma parole. En revanche la Syrie doit revenir à la France. »

Les nationalismes arabes et juifs grandissent et s’affrontent alors que l’immigration juive, avec rachat de terres arabes, se développe de plus en plus, avec la montée des pogroms puis le nazisme ensuite.

📌 Cette suite chronologique rend bien compte de l’aggravation du contentieux, de son absence de solutions et surtout de l’incapacité ou du manque de volonté des occidentaux à trouver une solution équitable et pérenne.

📌 1947 – l’ONU décide la création d’un état juif et d’un état arabe. Jérusalem devenant une zone internationale. Décision contestée par les organisations arabes. « Le haut-comité arabe aurait dû proclamer l’état arabe de Palestine mais il s’y refuse, car ce serait accepter le partage »

L'État d'Israël est officiellement proclamé en mai 1948 par David Ben Gourion. En réaction, les différents pays arabes de la région entrent en guerre contre le nouvel État.

📌 Ce sont les intervenants de l’époque qui racontent, qui dialoguent. Et ainsi, ce conflit infiniment complexe est rendu intelligible en faisant intervenir les dirigeants concernés par ce conflit.

📌 Une analyse riche mais exigeante qui demande une lecture attentive. A relire avec plus de connaissances pour valider l’objectivité du propos.

📌 En tous cas, je comprends mieux ce qui se passe actuellement. Un affrontement de deux nationalismes, un affrontement politique essentiellement.

Un constat bien pessimiste : ces deux états s’opposeront toujours, à moins d’une vraie volonté politique incarnée. Et cela, dans chaque camp, sur la même période, et qui rassemble vraiment autour d’elle….

Une BD à découvrir !

Merci aux éditions Delcourt / Encrages et à Babélio.

 

Extraits :

📌 1918 – Llyod Georges – Clémenceau

« _Je veux Mossoul et Jérusalem »

_ Vous les aurez, je vous donne ma parole. En revanche la Syrie doit revenir à la France. »

📌 1919 – « Ce sont les manigances des anglais qui sèment le désordre. Après avoir utilisé les arabes contre les turcs, ils dressent les juifs contre les arabes et ils dressent les arabes contre les juifs.

📌 Juin 1919 – David Ben Gourion

« Tout le monde perçoit la difficulté de la gestion des rapports entre juifs et arabes. Mais personne ne voit que le problème n’a aucune solution. Aucune ! C’est un gouffre que rien ne pourra combler. Nous, en tant que nation, voulons que cette terre soit la nôtre ; les arabes, en tant que nation, veulent que cette terre soir la leur. »

📌 Septembre 1929 – massacre de 133 juifs par des arabes

« 133 juifs ont été tués dans des conditions atroces et la police britannique a abattu 116 arabes. » (…) Les causes profondes tiennent au mécontentement des arabes devant les progrès du sionisme, devant l’infiltration lente de ces étrangers, qui veulent créer un foyer national et, peu à peu, se rendre maître du pays. Or les arabes prétendant que la Palestine leur appartient et que les sionistes sont des intrus qu’il faut refouler à tout prix. Ce n’est donc plus une querelle religieuse mais une querelle politique. »

📌« Il faut tenir compte de la montée du nationalisme arabe. Les jeunes musulmans radicalisés, diplômés et politisés s’opposent aux vieilles élites modérées, grands propriétaires fonciers qui monopolisent les postes importants. »

📌 David Ben Gourion – Mars 1934

« La solution politique est un état juif dans une fédération arabe avec des gouvernants à parité juifs et arabes. »

📌Hitler – 1941 – avec le mufti Al-Husseini

« La suppression du foyer national juif fait partie de mon combat. Quand nous serons vainqueurs de nos ennemis et que j’aurais mis un terme définitif au judaïsme mondial, l’heure viendra de la libération des arabes. »

📌 « Le mandat britannique se termine le 14 mai 1948 à minuit, mais l’évacuation des forces armées n’est achevée que le 30 juin. Le haut-comité arabe aurait dû proclamer l’état arabe de Palestine mais il s’y refuse, car ce serait accepter le partage. Ce même jour, dans l’après-midi, David ben Gourion proclame l’indépendance de l’état d’Israël. »

 

 

 

 

 


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« Tout ce qui existe à votre naissance est normal ; Tout ce qui est inventé avant vos 35 ans, est excitant et révolutionnaire ; Tout ce qui est crée après vos 35 ans, est une atteinte à l’ordre naturel des choses »

📌 Doit-on craindre l’Intelligence Artificielle ?

C’est la question que beaucoup se posent depuis 2 ou 3 ans. En effet, cette technologie qui semble devoir bouleverser notre quotidien, est très récente, du moins du point de vue de nombreux béotiens, comme moi...

A travers son ouvrage, « IA : Comment ne pas perdre le nord ? », Marcel Salathé nous présente les tenants et aboutissants connus à ce jour, en expliquant qu’à travers les siècles, toutes les nouveautés techniques ou philosophiques ont toujours suscité la peur et l’incompréhension. Pourtant, ce qui nous effraie aujourd’hui deviendra l’ordinaire de nos descendants.

Dans son introduction, l’auteur cite le romancier Douglas Adams : « Tout ce qui existe à votre naissance est normal ; Tout ce qui est inventé avant vos 35 ans, est excitant et révolutionnaire ; Tout ce qui est crée après vos 35 ans, est une atteinte à l’ordre naturel des choses »

📌 Épidémiologiste suisse spécialiste de l’étude du vivant à l’aide d’outils numériques, Marcel Salathé nous livre un écrit où sa fascination pour cette nouvelle technologie n’occulte pas les questions sur la rapidité des progrès constatés. Progrès tant sur l’usage que l’on peut faire de l’IA que sur l’évolution exponentielle de l’Intelligence Artificielle elle-même.

En incluant l’IA dans l’histoire de l’évolution de l’humanité, l’auteur passe en revue les différents secteurs touchés par cette technologie, avec toujours la balance entre les effets positifs : rapidité des réactions, accès aux connaissances dans toutes les langues, sureté de diagnostics dans le domaine médical, etc… Et en même temps, les craintes et questionnements que cela implique, come la nécessaire reconversion des salariés, le contrôle des données, la lutte contre les « deepfakes ».

📌 Un livre parfaitement documenté et facilement accessible car très pédagogique. De plus, il y a un glossaire fort utile à la fin de l’ouvrage !.

Un petit bémol : dans son souci de parité, il utilise beaucoup les doublons féminin/masculin (chercheuses et chercheurs, citoyennes et citoyens, lectrices et lecteurs, etc.) et cela alourdit quelque peu la lecture…

📌 Alors, Marcel Salathé répond-t-il à la question doit-on craindre l’Intelligence Artificielle ?

La réponse n’est pas aussi basique que cela. Peut-on se passer d’une technologie qui apporte un grand nombre de progrès ? Sans doute pas. Mais peut-on la laisser évoluer librement, dans toutes les directions, au risque de voir poindre l’affaiblissement de nos démocraties ? Certainement pas.

« Le véritable défi ne réside pas dans la technologie elle-même qui n’est qu’un outil. Son impact dépend entièrement de la manière dont nous l’employons. (…) Ceux qui s’inquiètent de l’utilisation de l’IA devraient surtout s’assurer que les décisions soient prises démocratiquement et de façon transparente. »

Cet ouvrage, en nous donnant les clefs du fonctionnement de l’Intelligence Artificielle, nous ouvre un espace de réflexion, un questionnement sur son utilisation et une vision sur l’avenir.

A noter, cette chronique a été réalisée sans l’aide de l’IA…

Chronique élaborée en collaboration avec Gérard G

Merci aux éditions Quanto pour cette réflexion passionnante ! 

 

 

mercredi 17 décembre 2025

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Les trente Glorieuses et l’histoire de Gino, petit garçon des années cinquante.

L’introduction révèle parfaitement la personnalité. (Comme quoi, finalement, on ne change pas trop au fil des ans...) Le temps d’acheter une boule de neige pour une petite fille dont il s’est enamouré, elle a disparu. Il rêve sa présence et finira par la revoir six ans après.

Elle, c’est Roxane. Pas celle d’Edmond Rostand, pourtant le prénom résonne au vu de son avenir cinématographique et de Gino, assez proche, finalement, de Cyrano. Comme lui, idéaliste et fidèle, il se projette dans un rêve inaccessible.

C'est le fils d’un émigré italien, qui a contribué à la construction du plus haut téléphérique. Il rêve, Gino, de satellites, de technologies du futur où il aimerait figurer. Mais, il ne travaille pas à l’école. C’est un gentil cancre.

« Sur mon bulletin, il y avait écrit que ce serait dur mais que j’avais des « capacités ». C’est l’un des rares compliments auxquels j’ai eu droit. D’habitude, c’était des « insuffisants », « peut mieux faire », « manque de travail », ce genre de choses. »

Plus tard, il se passionne pour le projet de l’Aérotrain et finit par y travailler en tant que manœuvre. Il aurait rêvé faire partie des ingénieurs mais, en même temps il est lucide sur ses capacités et pragmatique.

🚄 C’est une fable tendre et amère, où l’imaginaire incarné par Gino, est au premier plan. Un perdant attachant, trop idéaliste et trop rêveur pour réussir. Sa mauvaise opinion de lui-même ne l’aide pas à réaliser ses projets...

🚄 C’est aussi l’arrière-plan des années 50 à 80 où tout paraissait possible, mais pas pour tout le monde…. 

C’est aussi toute la question de savoir ce que veut dire : réussir sa vie…

🚄 J’ai apprécié l’histoire de Gino, la plume poétique de Gilles Marchand, même si cela n’a rien à voir avec l’éblouissement du soldat désaccordé. Et c’est normal, les auteurs sont des athlètes de haut niveau, ils ne performent pas à tous les coups. Et encore… certains vont adorer ce roman et ne pas être touchés par le soldat…

En revanche, les pages de publicité de l’époque qui séparent les chapitres sont intéressantes au démarrage car elles fixent la période, mais elles deviennent lourdes au fil des pages.

🚄 Je laisse le dernier mot à Gilles Marchand :

« Il m’a dit qu’il n’y avait pas que l’Aérotrain dans mon histoire, mais que c’était aussi une histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de fin de siècle bringuebalant. Et qu’il fallait l’écrire. »

 

Extraits

🚄 « Alors, je n’étais pas exigeant, et je me disais que je me serais bien contenté d’un rêve d’occasion, un que j’aurais trouvé sur le trottoir quand j’étais gamin. Je l’aurais retapé, un peu lustré, et j’en aurais fait un beau projet de vie. »

🚄 « Et puis, un TGV.

Tout ça, c’est un peu la même histoire.

C’est la mienne, en tous cas.

J’ai failli réussir ma vie. »

🚄 « Je crois plutôt que j’ai hérité des rêves de mon père. Il n’a pas construit un simple téléphérique, il a construit le plus haut de l’univers.

C’est ça que m’a laissé mon père. Des promesses de grandeur. Et un prénom italien. »

🚄 « Sur mon bulletin, il y avait écrit que ce serait dur mais que j’avais des « capacités ». C’est l’un des rares compliments auxquels j’ai eu droit. D’habitude, c’était des « insuffisants », « peut mieux faire », « manque de travail », ce genre de choses. »

🚄 « J’étais le mauvais élève qu’on aimait bien. Je ne faisais pas d’histoire ».

🚄 Son frère, après avoir tenté d’être photographe de guerre en Algérie :

« La mort est photogénique, mais elle aspire ton âme à chaque cliché. »

🚄 « Alors, j’ai regardé les annonces, alors je me suis fait propre ; alors j’ai déclaré à ma mère que c’était fini les conneries, alors j’ai remis mon réveil.

Je serais triste, mais debout et bien peigné. »

🚄 « J’avais remarqué que, depuis son retour d’Algérie, il n’y avait plus grand-chose qui le faisait rêver. Il avait toujours sa bonne fête mais quelque chose s’était éteint dans son regard. »

🚄 « Le 27 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing arrive à la présidence. Là encore, je n’avais pas vraiment d’avis. »

🚄 « De leur côté, les TGV allaient bien. On a déployé des lignes à grands vitesse dans toute la France et je dois avouer que c’est une belle technologie. Moins novatrice que celle de l’Aérotrain, mais une belle technologie. »

 🚄 « Il m’a dit qu’il n’y avait pas que l’Aérotrain dans mon histoire, mais que c’était aussi une histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de fin de siècle bringuebalant. Et qu’il fallait l’écrire. »

🚄 « J’ai compris à quel point le monde était allé trop vite. Certainement trop vite. Il a fini par s’emballer sans pouvoir s’arrêter. Il y a eu Internet et la réalité virtuelle, on évoque l’intelligence artificielle. Et demain ? (…) On nous a échangé nos rêves de voitures volantes contre un continent de plastique, en plein Pacifique. »