vendredi 31 octobre 2025

💙💙💙💙💙

 


 

🌊 L’histoire d’Hélène et Edo, dont le couple est en panne. Dans cette île où l’IA est interdite, Hélène choisit de ramener une androïde, son clone en plus jeune, afin de raviver la flamme de son mari…

Hélène, pianiste renommée a vu sa carrière stoppée net par un accident de voiture. Elle est désormais en convalescence et devrait reprendre sa place au sein du concert philharmonique.

A-t-elle vraiment envie de reprendre ? C’est une femme froide, distante, on ne sait pas très bien si elle est manipulatrice ou seulement, en souffrance, à la recherche d’une solution pour remettre sa vie de couple et sa carrière en route…

Yuri, la jeune pianiste qui vient de Tokyo, va-t-elle finalement la remplacer ?

Une jeune fille qui s’étonne de cette île demeurée au siècle passé :

« Je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Tout ici est tellement …traditionnel. Quand je suis arrivée, j’ai eu l’impression de me retrouver dans ces vieux films d’époque.

Quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, j’ai toujours l’impression d’un décor de carte postale. C’en est presque artificiel…

Mais le plus surprenant, je pense, c’est l’absence totale d’IAH. Chez nous, tout le monde a son androïde particulier, sans parler des magasins. Cela faisait des années que je n’avais pas parlé à des commerçants humains. »

Faut-il résister comme la communauté de Kino ou accompagner le mouvement de la modernité ? Et quid, d’un changement politique qui rabattra soudainement les cartes, et peut-être dans l'autre sens ?

🌊 J’ai adoré ce graphisme.

Les 30 premières pages ne comportent aucun texte. C’est inutile tellement le dessin est expressif et puissant.

Superbes pages 114 et 115 dans la force du dessin et dans la compréhension du fonctionnement de l’IA. Là aussi, pas de texte, le dessin est amplement suffisant.

Un dessin nostalgique, colorisé, qui s’harmonise parfaitement au scénario, parfaitement travaillé sur les expressions, les attitudes, les paysages.

Un dessin magnétique !

🌊 Une lecture qui reste en mémoire, car elle questionne et provoque même un sentiment de malaise. A propos de l’avenir qui nous attend, politique, technologique et du bouleversement qui en résultera.

Serons-nous dépossédés de notre quotidien par les IA jusque dans les relations des individus entre eux, au sein même de la famille et du couple ?

Coup de cœur !

Merci aux éditions Sarbacane.

Ce titre fait partie de la sélection Bib en Bulles de la médiathèque de Bressuire   

 

Extraits :

🌊 « Voilà trop longtemps que le Japon est à l’école de l’Occident. Et il est temps, plus que temps, que nous fermions nos portes à ce monde extérieur qui sombre et s’éteint »

🌊 « L’esprit de la règle, la discipline, l’humilité. Voilà encore parfois des fleurs qui poussent avec ténacité, entre les pavés lointains de nos provinces. Mais hélas, elles sont mortes depuis longtemps dans le fatras de nos grandes villes, où la modernité a évincé notre art de vivre, pour ne laisser place qu’à l’acharnement et à la médiocrité.

Où s’en sont allées les vertus les plus solides et les plus délicates du génie japonais, qui à elles seules avaient su modeler la vie morale d’un si grand peuple ? Qu’est-il advenu de ces hommes et de ces femmes qui autrefois s’étaient fait les vassaux de l’honneur et de la courtoisie ? »

🌊 Yuri – La jeune pianiste

« Je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Tout ici est tellement …traditionnel. Quand je suis arrivée, j’ai eu l’impression de me retrouver dans ces vieux films d’époque.

Quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, j’ai toujours l’impression d’un décor de carte postale. C’en est presque artificiel…

Mais le plus surprenant, je pense, c’est l’absence totale d’IAH. Chez nous, tout le monde a son androïde particulier, sans parler des magasins. Cela faisait des années que je n’avais pas parlé à des commerçants humains. »

🌊 Osachi, La femme de ménage dépossédée de  « son ile »

« C’était la belle époque… C’était notre ile.  ..

Puis bon, il y a eu ces gens de Tokyo qui ont voulu s’installer.

Ils ont tout acheté. Tout... Des villas qui poussaient de partout. Ils ont même réussi à privatiser les côtes, ces bougres… »

🌊 Scène entre Hélène et Edo

« _ Tu es comme ton père, tu restes bloqué dans le passé, comme cette ile. Tu pourris.

_je me noie dans le passé car notre présent ne me réjouit pas ! Elle (l’IA) a le visage que tu n’as plus depuis longtemps. Le visage que tu avais avant de devenir si ambitieuse, si dure…

Tu as tout sacrifié pour ton art, c’est vrai, y compris moi. Et maintenant que tu ne peux plus jouer, tu pourris toi aussi. (…)

C’est toi qui a voulu ce robot. Qui l’a amené chez nous, qui m’a convaincu de le garder. J’ai cédé au moindre de tes caprices. Je t’ai toujours laissé la plus grande liberté, tu as toujours fait tout ce que tu as voulu. »

 


vendredi 24 octobre 2025

💙💙💙💙


 

Quel plaisir de retrouver la belle écriture de Luis Sepulveda, travaillée, poétique, douce et grave en même temps !

Et peut-être encore plus, l’environnement de la mer et des baleines. Surtout quand c’est la baleine, Mocha Dick qui parle au lecteur.

Un cétacé qui a bien existé comme l’ile côtière de Mocha, située au large du Chili, et qui a sans doute inspiré le personnage de Moby Dick.

🐋Des thèmes intemporels qui touchent et suscitent la réflexion, surtout quand c’est Mocha Dick qui raconte et s’étonne :

- Un questionnement sur la nature humaine qui attaque son environnement, les animaux mais également d’autres hommes. Ce qui est incompréhensible pour la baleine blanche.

« La minuscule sardine n’attaque pas une autre sardine, la lente tortue n’attaque pas une autre tortue, le requin vorace n’attaque un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux. »

- Le respect possible entre les différentes espèces comme la population mapuche et les cétacés. Ensemble, ils rendent même hommage à leurs morts.

- Pourquoi la chasse à la baleine est-elle toujours pratiquée par le Japon, la Norvège et l’Islande, alors qu’elle est interdite depuis 1986 ? Le Japon la justifie par le respect des traditions…

🐋Un récit sensible et profond sur l’environnement naturel, le respect des espèces entre elles, de l’amitié,  mais aussi sur la furie des hommes quand ils estiment que le monde animal et naturel est une terre de chasse sans limite.

Merci aux éditions Métailié

 

Extraits

 🐋 « Des pêcheurs dirent que c’était peut-être un cétacé égaré, d’autres qu’il avait probablement été intoxiqué par toutes les ordures qu’on jette à la mer, et un grand silence de chagrin fut l’hommage que lui rendirent tous ceux qui entouraient le grand animal sous le ciel gris du sud du monde. »

 🐋 « Moi, la baleine couleur de lune, je suis un mâle de l’espèce des cachalots, de la lignée des fjords et des iles. Dans un moment perdu dans le secret du temps, d’autres cachalots mâles couleur de lune ont émergé des profondeurs en des sauts qui les ont suspendus dans l’air. »

🐋 « La minuscule sardine n’attaque pas une autre sardine, la lente tortue n’attaque pas une autre tortue, le requin vorace n’attaque un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux. »

🐋 « Ils ne nous chassaient pas pour se nourrir de notre chair mais pour l’huile de nos intestins qui brûlaient en éclairant leurs maisons. Ils ne nous tuaient pas parce qu’ils avaient peur de notre espèce ; ils le faisaient parce que les hommes ont peur de l’obscurité et nous les baleines, possédions la lumière qui les délivrait des ténèbres. »

🐋 « Tu dois savoir qu’entre les baleines et les lafkrenche il existe un pacte qui remonte aux temps les plus anciens de la mer. Nous les baleines nos sommes grandes et fortes, eux sont petits et fragiles, nous pouvons voyager sur de longues distances, mais eux seuls connaissent la route où nous serons en sécurité. »

🐋 « On raconte que les nuits de pleine lune, sur la côte ouest de l’ile inhabitée de Mocha, on voit émerger des profondeurs un énorme cachalot blanc, couleur de lune. »

 



jeudi 23 octobre 2025

💙💙💙💙💙


Je n’aime pas la poésie. Ou plutôt je déteste la poésie « perchée », celle qui se la raconte, tarabiscotée, absconse, celle où je me torture l'esprit sans rien comprendre... 

J’aime au contraire, celle qui me parle, qui me touche, qui, en quelques vers, fait ressurgir une émotion, un souvenir ou une réflexion.

🌈 C'est le cas de "Pensées vagabondes." D’une plume légère, doucement humoristique, quelquefois nostalgique, l’auteur évoque avec lucidité le quotidien au gré des saisons qui l'accompagnent.  

L'environnement, le bonheur de l’enfance, l’enseignement, la migration, les réseaux sociaux, la politique, les drames de la vie et la résilience, et même la cuisine, autant de thèmes abordés au fil des pages.

🌈 Assez parlé, je laisse maintenant l’auteur s’exprimer avec quelques extraits, picorés ici ou là.

Car j’ai oublié de vous dire qu’il est possible de lire ce recueil au gré des envies, en commençant par la fin, le milieu. Comme on veut…

La liberté de la poésie, une balade aux couleurs douces ou plus sombres.

 

Pensées vagabondes

Gérard Gasquet

The Book Editions.

 

🌈 Allongée sur la plage – Page 25

Allongée sur la plage elle semble dormir

Paumes tournées au ciel et les bras écartés

La brise du matin ne la fait plus frémir

Sur le sable chauffé sa vie s’est arrêtée

 

Son chemin fut si long, parsemé de dangers

Pour atteindre son but, cette terre promise

Car craignant pour sa vie elle a dû tout quitter,

N’emportant que la peur pour unique valise.

….

🌈 Comme la vie – Page 49

Comme ce rayon de soleil

Qui pointe à travers les nues

Comme les yeux d’un inconnu

Croisé en marchant dans la rue

Comme ce sourire radieux

Irréfléchi et contagieux…

 

Comme le chant de ce moineau

Qui distrait tes tristes pensées

Comme la goutte de rosée

Par un petit matin d’été

Comme ce flocon blanc et froid

Fondant sur le bout de ton doigt…

….

🌈 Dernier piano – page 57

Dans une ville dévastée

Très à l’Orient de nos pensées

Un soldat, héros épuisé

A vu un piano rescapé

 

Trônant au milieu d’un salon

Aux murs perforés, sans plafond

L’objet résistait aux canons

Qui ruinaient toute la région

….

 

🌈 Quatre-quarts paysan – page 81

En ces temps de frimas il me semble prudent

De préparer un bon « Quatre-quarts Paysan »

Ce n’est pas un gâteau, préservons nos kilos

Ni un plat pour les rois, il n’est pas assez beau

Non, c’est tout bonnement un bouillon qui s’apprête

A bien nous réchauffer, dont voici la recette :

 

D’abord se procurer en bio de préférence

Un kilo de poireaux le vert de l’espérance

Un kilo de tomates sourire de l’été

Un kilo de carottes pour un bon goût sucré

Un kilo de patates qui nous lient à la terre

Ce sont les éléments de base nécessaires.

 

On peut y ajouter en moindre quantité

Du chou ou du fenouil, céleri ou navet

J’avoue que pour ma part, pour donner du velours

J’adjoins à mon brouet deux beaux topinambours.

Ce pauvre tubercule décrié par l’histoire,

Mérite de sortir du fond de nos mémoires

….

🌈 Les en…quiquineurs – page 97

Il y a ces enquiquineurs

Qui vous appellent à pas d’heure

Et vous bousillent ce matin

Que vous vouliez calme, serein

Mais il y a ces jolis cœurs

Avec leurs élans pleins d’ardeur

Qui rient et vous réconcilient

Avec la vie, au fond du lit…

 (…)

Il y a ces enquiquineurs

Qui vous daubent avec fureur

Profitant des réseaux sociaux

Pour déformer tous vos propos

Mais il y a ces locuteurs

Qui vous suivent de bonne humeur

Heureux de pouvoir dialoguer

Et d’échanger nombre d’idées

….

🌈 Ins Ta Gram – Page 103

Am Stram Gram

Pic et pic et colégram

Bour et bour et ratatam

Ins Ta Gram

Au début j’étais réfractaire

Pensant que la technologie

Modifierait le caractère

Et la teneur de mes écrits

 

Am Stram Gram

Pic et pic chaque quidam

Veut que le monde l’acclam’

Ins Ta Gram

Puis les gens de mon entourage

M’ont affirmé que les réseaux

Pourraient diffuser mes ouvrages

Et répandre mes idéaux

….

🌈 Résistance – page 115

Boualem Sansal, écrivain franco-algérien a été arrêté le 16 novembre à l’aéroport d’Alger par les autorités algériennes, pour ses écrits et ses propos.

Sur un tarmac d’aéroport

Un écrivain est arrêté

Mais quels pourraient être ses torts

Hormis parler de liberté ?                     

 

Dans les pays totalitaires

Les écrivains sont bâillonnés

Ils n’ont que le droit de se taire

Sans quoi ils sont emprisonnés

 

Car les romanciers, les poètes

Usent de l’imagination

Afin de semer dans les têtes

Les graines de la réflexion

….