mardi 4 novembre 2025

💙💙💙💙


 


« Une série de tremblements de terre en chaîne, partie du Moyen-Orient a traversé toute l’Europe. »  

📌 Elle touche Marie et ses deux garçons, Jules et Hugo à la fin des grandes vacances dans les Pyrénées. Tous les deux ne rêvent que de rejoindre leur père qui a quitté sa femme pour une autre, plus jeune.

Marie ressasse sa rancune envers son ex, en préparant les affaires des enfants avant la rentrée, quand un orage d’une extrême violence suivi d’un tremblement de terre provoque l’effondrement des maisons, des routes. Une scène d’apocalypse. Il faut fuir vers des contrées plus sûres.

Deux tomes réunis en un seul écrin pour suivre la tentative de survie de la famille avec leur chien Plutarque. Eux et « le reste d monde. »

Marie raconte la première partie : « l’effondrement ». Tandis qu’Hugo, le plus jeune, le plus proche de sa mère, raconte la deuxième : « Le monde d’après. »

📌 Quand la nature gronde et tremble, quand le naturel de l’homme reprend le dessus pour satisfaire ses besoins vitaux, manger, dormir, résister ou fuir aux bandes de pillards organisés.

Bien sûr, on a tous lu de semblables récits.

Celui-ci est très puissant par son graphisme qui accentue la survie acharnée, la déshumanisation de l’homme. Rejoindre la meute, résister.

Les couleurs s’assombrissent au fur et à mesure de leur cheminement. Le rouge sang, le gris, le bleu glacial du froid dans la montagne. Les actions se succèdent, sans laisser le temps de souffler au lecteur.

Petit à petit, il n’y a plus rien à manger, les maigres secours sont débordés. Chacun pour soi : « Fini le respect de l’ordre de la foi en la discipline, du glacis élémentaire d’humanité, du besoin de solidarité. Logique sauvage, logique de meute. »

Un dessin travaillé, précis, dans les paysages, les expressions, les attitudes.

📌 Une dystopie bien réaliste quant aux risques naturels et à leurs conséquences. Malgré toute notre pseudo évolution, l’homme redevient tel un chien ou un loup dans sa meute. En conservant - et c'est parfaitement analysé - l'amour maternel ou filial. 

Hâte de découvrir la suite dans les tomes 3 et 4.

Merci aux éditions Casterman et à Babélio pour cette belle découverte.

 

Extraits :

📌 « Fini le respect de l’ordre de la foi en la discipline, du glacis élémentaire d’humanité, du besoin de solidarité. Logique sauvage, logique de meute. »

📌 « Les garçons s’aguerrissent.

Ils sont ma fierté.

Plutarque les veille.

Mon humanité m’abandonne »

📌 « Des rats sans espoir, sans compassion, sans avenir. »

📌 Une série de tremblements de terre en chaîne, partie du Moyen-Orient qui a traversé toute l’Europe. »

📌 « Que maintenant, les gens sont dangereux comme des bêtes sauvages »

📌 « Il (Plutarque) rejoint les siens. On n’y peut rien. »

📌« Je suis tellement triste que c’est comme si j’étais mort. »

 


vendredi 31 octobre 2025

💙💙💙💙💙

 


 

🌊 L’histoire d’Hélène et Edo, dont le couple est en panne. Dans cette île où l’IA est interdite, Hélène choisit de ramener une androïde, son clone en plus jeune, afin de raviver la flamme de son mari…

Hélène, pianiste renommée a vu sa carrière stoppée net par un accident de voiture. Elle est désormais en convalescence et devrait reprendre sa place au sein du concert philharmonique.

A-t-elle vraiment envie de reprendre ? C’est une femme froide, distante, on ne sait pas très bien si elle est manipulatrice ou seulement, en souffrance, à la recherche d’une solution pour remettre sa vie de couple et sa carrière en route…

Yuri, la jeune pianiste qui vient de Tokyo, va-t-elle finalement la remplacer ?

Une jeune fille qui s’étonne de cette île demeurée au siècle passé :

« Je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Tout ici est tellement …traditionnel. Quand je suis arrivée, j’ai eu l’impression de me retrouver dans ces vieux films d’époque.

Quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, j’ai toujours l’impression d’un décor de carte postale. C’en est presque artificiel…

Mais le plus surprenant, je pense, c’est l’absence totale d’IAH. Chez nous, tout le monde a son androïde particulier, sans parler des magasins. Cela faisait des années que je n’avais pas parlé à des commerçants humains. »

Faut-il résister comme la communauté de Kino ou accompagner le mouvement de la modernité ? Et quid, d’un changement politique qui rabattra soudainement les cartes, et peut-être dans l'autre sens ?

🌊 J’ai adoré ce graphisme.

Les 30 premières pages ne comportent aucun texte. C’est inutile tellement le dessin est expressif et puissant.

Superbes pages 114 et 115 dans la force du dessin et dans la compréhension du fonctionnement de l’IA. Là aussi, pas de texte, le dessin est amplement suffisant.

Un dessin nostalgique, colorisé, qui s’harmonise parfaitement au scénario, parfaitement travaillé sur les expressions, les attitudes, les paysages.

Un dessin magnétique !

🌊 Une lecture qui reste en mémoire, car elle questionne et provoque même un sentiment de malaise. A propos de l’avenir qui nous attend, politique, technologique et du bouleversement qui en résultera.

Serons-nous dépossédés de notre quotidien par les IA jusque dans les relations des individus entre eux, au sein même de la famille et du couple ?

Coup de cœur !

Merci aux éditions Sarbacane.

Ce titre fait partie de la sélection Bib en Bulles de la médiathèque de Bressuire   

 

Extraits :

🌊 « Voilà trop longtemps que le Japon est à l’école de l’Occident. Et il est temps, plus que temps, que nous fermions nos portes à ce monde extérieur qui sombre et s’éteint »

🌊 « L’esprit de la règle, la discipline, l’humilité. Voilà encore parfois des fleurs qui poussent avec ténacité, entre les pavés lointains de nos provinces. Mais hélas, elles sont mortes depuis longtemps dans le fatras de nos grandes villes, où la modernité a évincé notre art de vivre, pour ne laisser place qu’à l’acharnement et à la médiocrité.

Où s’en sont allées les vertus les plus solides et les plus délicates du génie japonais, qui à elles seules avaient su modeler la vie morale d’un si grand peuple ? Qu’est-il advenu de ces hommes et de ces femmes qui autrefois s’étaient fait les vassaux de l’honneur et de la courtoisie ? »

🌊 Yuri – La jeune pianiste

« Je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Tout ici est tellement …traditionnel. Quand je suis arrivée, j’ai eu l’impression de me retrouver dans ces vieux films d’époque.

Quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, j’ai toujours l’impression d’un décor de carte postale. C’en est presque artificiel…

Mais le plus surprenant, je pense, c’est l’absence totale d’IAH. Chez nous, tout le monde a son androïde particulier, sans parler des magasins. Cela faisait des années que je n’avais pas parlé à des commerçants humains. »

🌊 Osachi, La femme de ménage dépossédée de  « son ile »

« C’était la belle époque… C’était notre ile.  ..

Puis bon, il y a eu ces gens de Tokyo qui ont voulu s’installer.

Ils ont tout acheté. Tout... Des villas qui poussaient de partout. Ils ont même réussi à privatiser les côtes, ces bougres… »

🌊 Scène entre Hélène et Edo

« _ Tu es comme ton père, tu restes bloqué dans le passé, comme cette ile. Tu pourris.

_je me noie dans le passé car notre présent ne me réjouit pas ! Elle (l’IA) a le visage que tu n’as plus depuis longtemps. Le visage que tu avais avant de devenir si ambitieuse, si dure…

Tu as tout sacrifié pour ton art, c’est vrai, y compris moi. Et maintenant que tu ne peux plus jouer, tu pourris toi aussi. (…)

C’est toi qui a voulu ce robot. Qui l’a amené chez nous, qui m’a convaincu de le garder. J’ai cédé au moindre de tes caprices. Je t’ai toujours laissé la plus grande liberté, tu as toujours fait tout ce que tu as voulu. »

 


vendredi 24 octobre 2025

💙💙💙💙


 

Quel plaisir de retrouver la belle écriture de Luis Sepulveda, travaillée, poétique, douce et grave en même temps !

Et peut-être encore plus, l’environnement de la mer et des baleines. Surtout quand c’est la baleine, Mocha Dick qui parle au lecteur.

Un cétacé qui a bien existé comme l’ile côtière de Mocha, située au large du Chili, et qui a sans doute inspiré le personnage de Moby Dick.

🐋Des thèmes intemporels qui touchent et suscitent la réflexion, surtout quand c’est Mocha Dick qui raconte et s’étonne :

- Un questionnement sur la nature humaine qui attaque son environnement, les animaux mais également d’autres hommes. Ce qui est incompréhensible pour la baleine blanche.

« La minuscule sardine n’attaque pas une autre sardine, la lente tortue n’attaque pas une autre tortue, le requin vorace n’attaque un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux. »

- Le respect possible entre les différentes espèces comme la population mapuche et les cétacés. Ensemble, ils rendent même hommage à leurs morts.

- Pourquoi la chasse à la baleine est-elle toujours pratiquée par le Japon, la Norvège et l’Islande, alors qu’elle est interdite depuis 1986 ? Le Japon la justifie par le respect des traditions…

🐋Un récit sensible et profond sur l’environnement naturel, le respect des espèces entre elles, de l’amitié,  mais aussi sur la furie des hommes quand ils estiment que le monde animal et naturel est une terre de chasse sans limite.

Merci aux éditions Métailié

 

Extraits

 🐋 « Des pêcheurs dirent que c’était peut-être un cétacé égaré, d’autres qu’il avait probablement été intoxiqué par toutes les ordures qu’on jette à la mer, et un grand silence de chagrin fut l’hommage que lui rendirent tous ceux qui entouraient le grand animal sous le ciel gris du sud du monde. »

 🐋 « Moi, la baleine couleur de lune, je suis un mâle de l’espèce des cachalots, de la lignée des fjords et des iles. Dans un moment perdu dans le secret du temps, d’autres cachalots mâles couleur de lune ont émergé des profondeurs en des sauts qui les ont suspendus dans l’air. »

🐋 « La minuscule sardine n’attaque pas une autre sardine, la lente tortue n’attaque pas une autre tortue, le requin vorace n’attaque un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux. »

🐋 « Ils ne nous chassaient pas pour se nourrir de notre chair mais pour l’huile de nos intestins qui brûlaient en éclairant leurs maisons. Ils ne nous tuaient pas parce qu’ils avaient peur de notre espèce ; ils le faisaient parce que les hommes ont peur de l’obscurité et nous les baleines, possédions la lumière qui les délivrait des ténèbres. »

🐋 « Tu dois savoir qu’entre les baleines et les lafkrenche il existe un pacte qui remonte aux temps les plus anciens de la mer. Nous les baleines nos sommes grandes et fortes, eux sont petits et fragiles, nous pouvons voyager sur de longues distances, mais eux seuls connaissent la route où nous serons en sécurité. »

🐋 « On raconte que les nuits de pleine lune, sur la côte ouest de l’ile inhabitée de Mocha, on voit émerger des profondeurs un énorme cachalot blanc, couleur de lune. »